« En Allemagne, il manque actuellement 573 000 travailleurs qualifiés, selon le rapport succinct de l’Institut de l’économie allemande (IW) n° 27/2024 » (Burstedde & Kolev-Schaefer, 2024). Cette situation a des répercussions considérables sur le système de santé et de protection sociale. Cependant, la pénurie de personnel qualifié ne s’arrête pas aux frontières : la Suisse et la France sont également concernées. Mais comment renforcer l’attractivité des métiers du social ? Comment faire évoluer les filières d’études sociales dans ce contexte ? Et plus généralement, comment faire face à la pénurie de professionnels dans le secteur social ?
Afin de réfléchir à ces questions, le 23 juin 2025, un groupe de travail d’employeurs s’est réuni à l’ESEIS à Strasbourg. Environ 20 personnes originaires de la région du Rhin supérieur ont participé à cette rencontre. Ce groupe de travail s’inscrit dans le cadre du projet CELIS, qui vise à la création d’un Campus Européen du Travail Social. Il est composé de différents employeurs de la région métropolitaine trinationale du Rhin supérieur. Son objectif est d’analyser les problématiques transfrontalières existantes et d’en déduire des besoins spécifiques en matière de qualifications transfrontalières.
La réunion a débuté par une analyse de la situation dans chaque pays, accompagnée de premières impulsions de réflexion.
✅La professeure Dr. Stephanie Bohlen, rectrice de la Katholische Hochschule (KH) Freiburg, a souligné que les métiers du social sont indispensables à nos sociétés, avertissant qu’une catastrophe en matière de prise en charge sociale pourrait survenir si cette importance n’était pas reconnue.
✅Chantal Mazaeff, directrice de l’École de Praxis Sociale (Praxis) de Mulhouse, a également insisté sur la nécessité de réformer et repenser le système social, notamment en ce qui concerne la reconnaissance, les conditions de travail et la rémunération.
✅Marco Wenger, représentant du groupe de travail sur la situation des professionnels du secteur social en Suisse, rattaché à la Hochschule für Soziale Arbeit (HSA) de la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW), a décrit une situation un peu moins dramatique. La Suisse profite en effet de la migration professionnelle, notamment dans la région des Trois Frontières. Toutefois, même en Suisse, il est nécessaire de prendre des mesures face à la demande croissante de personnel qualifié. Les collègues suisses ont en outre mis en avant la lourde charge de travail, qui rend souvent impossible un emploi à temps plein.
✅À la suite de ces interventions, les employeurs ont échangé sur leurs expériences. Les principales différences entre les pays concernent les salaires, les formations et les diplômes, ainsi que l’accès aux métiers pour les personnes en reconversion. Des similitudes sont toutefois apparues : un manque de reconnaissance pour les professionnels du social, une charge de travail importante, le vieillissement des populations et la pénurie de main-d’œuvre qui en découle, ainsi que la fréquence élevée de changements de poste, voire de reconversion complète dans d’autres domaines.
✅L’après-midi, plusieurs petits groupes se sont formés pour élaborer des pistes de solutions autour de thématiques ciblées. Ces propositions ont été présentées, discutées et analysées en plénière. Les participants ont également réfléchi à des solutions alternatives, tenant compte des spécificités de chaque pays. Les points communs à travers les frontières ont été particulièrement mis à profit pour développer des réponses communes aux problématiques identifiées. Cela laisse présager des perspectives prometteuses pour ce type de collaboration internationale entre employeurs.
➡️Le projet CELIS s’appuie sur les résultats des rencontres du groupe de travail pour impulser des solutions à trois niveaux : pour les étudiants, les employeurs et les professionnels du secteur.
📅La prochaine réunion du groupe de travail est prévue pour le 13 novembre 2025 à la KH Freiburg, sur le thème :« La montée des extrêmes – conséquences pour le secteur social ».
Référence : Burstedde, A. & Kolev-Schaefer, G. (2024). Die Kosten des Fachkräftemangels. IW-Kurzbericht Nr. 27/2024. En ligne : https://www.iwkoeln.de/studien/alexander-burstedde-galina-kolev-schaefer-die-kosten-des-fachkraeftemangels.html
